Bilan de l’année 2017

L’heure de l’inévitable bilan du blog a sonné, l’occasion pour nous d’une petite rétrospective de 2017 avec nos bilans de lecture personnels. Cette année encore, Textualités accueille de plus en plus de visiteurs, de par le monde, ce qui fait évidemment du bien à l’ego, malgré les distances que nous avons pris avec le blog : en effet, 2017 marque dans notre famille la venue d’une nouvelle petite louloute si pleine de vie et d’énergie que temps et assiduité nous manquent pour l’écriture d’articles et toutes les activités annexes au « blogging ». Néanmoins, ce petit rythme de croisière nous convient parfaitement : le blog est là, toujours actif, lieu de liberté où l’on peut publier ce que l’on souhaite, quand on le souhaite, sans autre contrainte que le plaisir. Et le plaisir sera le mot d’ordre de 2018 : plaisirs de lire, de découvrir, d’écrire, de partager… la routine, quoi !

Bilan de Anne

Contrairement à ce que j’aurais pensé il y a un an, alors enceinte de ma seconde fille, 2017 a été une année plutôt riche en lectures et en découvertes. Je suis parvenue à maintenir un rythme de lecture quotidien (un peu miraculeusement, je dois l’avouer – rien qu’écrire ce billet relève du combat, avec mes deux puces en super forme qui n’ont pas l’air décidé à me laisser faire…) et pour la première fois depuis l’adolescence, j’ai tenu un petit journal de mes lectures, histoire d’avoir un échantillon représentatif de ma manière de lire. Mais la vie, sur un an, est faite d’événements et d’imprévus qui ont eu un impact sur mes lectures, évidemment.

Toujours est-il que j’ai lu tout juste 50 bouquins, ce qui est super pratique pour faire des pourcentages et des statistiques, et je me retiens vraiment de vous faire des petits camemberts, graphiques et autres pour parler de ces lectures. Bref… Parmi ces livres, beaucoup – en proportion – de romans, beaucoup d’essais, un peu de bande dessinées, un peu de poésie, et même un peu de théâtre (je n’avais pas lu de théâtre depuis la fac) et un long poème épique qui m’a furieusement donné envie de relire des lettres classiques (Résolution #1). Seulement 40% d’ouvrages écrits par des autrices, je ferai mieux l’année prochaine (Résolution #2). Beaucoup de littérature anglo-saxonne, un peu de littérature francophone, pas assez de diversité dans l’origine des auteurs et des autrices que je lis (Résolution #3). Une vingtaine de nouvelles têtes. Une chouette année de lecture !

Trois coups de cœur à souligner

Tout d’abord, 2017 a été l’année de belles retrouvailles, entre l’adulte que je suis devenue et Stephen King, l’écrivain qui a le plus marqué mes lectures adolescentes et que j’ai boudé pendant plus de 20 ans. J’ai relu Ça avec la trouille au ventre et un plaisir indéniable, séduite par les partis pris littéraires de cet auteur, puis j’ai découvert un roman plus contemporain, Revival (pas chroniqué) et pour finir l’année, j’entame sa saga La Tour sombre. Autant dire que vous n’avez pas fini de m’en entendre parler !

Un coup de cœur pour une maison d’édition. Si l’année dernière, j’avais été enchantée par la découverte des formidables Éditions Monsieur Toussaint Louverture, j’ai cette année été conquise par la ligne éditoriale pour le moins originale – et particulièrement alléchante ! – et le catalogue des Éditions de l’Ogre : « défendre des livres qui, d’une manière ou d’une autre, mettent à mal notre sens de la réalité, traitent de ce moment drôle ou terrifiant où les choses et les gens ne semblent plus être ce qu’ils sont d’habitude, où le dehors arrête d’être sage et bien rangé. Cette interruption du flux de la normalité peut se produire de deux façons : soit dedans, avec l’altération du sensible et de la subjectivité, parfois jusqu’à la folie, soit dehors, avec l’altération du réel objectif, c’est-à-dire l’irruption d’éléments appartenant au fantastique. » Parmi les ouvrages de L’Ogre lus et chroniqués sur le blog, vous trouverez – pour l’instant – l’étrange Maison des épreuves de Jason Hrivnak, l’indéfinissable Lumikko de Pasi Ilmari Jääskeläinen et surtout, surtout, la sublime traduction de Marie Cosnay des Métamorphoses d’Ovide !

Enfin, parmi les nouvelles têtes de mon horizon littéraire, un beau coup de cœur pour Jim Dodge, dont le simple nom me procure un sourire plein de tendresse et d’admiration. Auteur de l’étonnant Stone Junction, il amène ses lecteurs et ses lectrices sur les traces de personnages à la fois carnavalesques et authentiques, dans des grandes étendues de nature, les deux pieds dans un terroir spirituel et élémentaire. Une énorme bouffée d’oxygène que je ne peux que vous conseiller avec tout l’enthousiasme du monde !

Voilà pour moi. J’espère avoir davantage de temps à consacrer durant l’année à venir aux échanges avec les autres blogueurs et blogueuses littéraires, j’espère aussi me tenir à mes quelques résolutions de lecture et trouver davantage de temps pour faire tout ce qui me tient à cœur. Je repense souvent en ce moment au film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, au final un discours sur l’éternité et le temps, alors que je termine l’année sur les rotules, usée de fatigue et de frustration, de justement, manquer de temps pour accomplir tout ce que je souhaite faire, moi qui suis par nature atrocement dispersée. Mais, cette année comme en 2013, en assistant au début d’une vie, celle que j’ai donnée – et ouais, j’ai fait ça – j’ai compris pleinement qu’il y aurait une fin, la mienne, et qu’il était peut-être temps de moins me disperser, et d’oser aller à l’essentiel. Alors je me suis enfin authorisée – je conserve le lapsus – à me lancer dans “l’une de ces choses à ne pas oublier de faire avant de mourir”, qui commence par “chapitre premier” et s’achève sur un “fin” solennel. Et ça, ça me remplit de joie !

Bilan de Louis

Pour ma part, je fais le même constat principal qu’Anne : ce qui me manque le plus cette année, c’est le temps. Et lorsque j’en trouve enfin, c’est alors bien souvent l’énergie qui me fait défaut… Entre la vie de famille très accaparante et le boulot, j’ai eu peu de temps pour des lectures personnelles cette année, et lorsqu’elles étaient possibles, je n’ai eu que très peu l’occasion d’en faire un compte rendu pour le blog (j’ai des ébauches d’articles qui datent de septembre et qui sont loin d’être publiables…) Néanmoins, j’ai eu, comme Anne, de vraies lectures marquantes cette année :

La quadrilogie Le Sang des Promesses de Wajdi Mouawad m’a fait renouer avec le théâtre, tant j’ai été bouleversé par la lecture de la pièce Incendies. Dans une autre vie, lorsque je pourrai à nouveau sortir le soir, je guetterai avidement les représentations de ce dramaturge inventif et poignant.

Depuis que je savais qu’Alan Moore écrivait un nouveau roman, j’attendais impatiemment de mettre le nez dedans mais, sachant parfaitement que mon niveau d’anglais serait insuffisant pour le lire en v.o., il m’a encore fallu un an d’attente pour qu’il soit traduit en France… Acheté le jour de sa sortie (oui, je sais…), Jerusalem  a tout à fait comblé mes attentes. Plus abouti que son premier roman, faisant la synthèse de toute son œuvre, Jerusalem est un livre hors normes, un machin gargantuesque et prodigieux, pour moi LE bouquin de 2017, tout comme la saison 3 de Twin Peaks est LE chef d’œuvre visuel de l’année. Deux artistes échevelés, grisonnants et formidablement explosifs.

Je viens juste de m’aventurer dans Le Tunnel de William H. Grass, et il ne fait aucun doute que ce sera aussi un livre très important. Pour l’instant, la fatigue n’aidant rien, j’éprouve une réelle appréhension à m’aventurer dans les méandres particulièrement sombres de ce tunnel ; le premier chapitre m’a happé d’une manière tellement singulière que je ne sais pas si je ressortirai de cette expérience de lecture tout à fait indemne…

2018 devrait être comme l’année précédente, suffisamment remplie par les nécessités quotidiennes pour ne laisser que peu de place à autre chose, mais, comme les années précédentes et, je l’espère, comme celles à venir, une place de choix sera gardée pour la curiosité littéraire et le plaisir de la partager avec vous. Et oui, bien sûr, je vais continuer le projet En Lisant Ulysse, mais vous avez compris que le rythme de publication initialement prévu ressemble maintenant à l’activité d’un panda en pleine sieste digestive…

On vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d’année
et une année 2018 pleine de lectures et de littérature !

Anne et Louis

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