Nos 7 romans les plus effrayants

À l’occasion de la fête d’Halloween, nous avons souhaité vous proposer une petite sélection de romans qui nous ont vraiment fait frissonner ! Eh bien, la tâche n’a pas été aussi simple qu’elle y paraissait, car si nombre de films nous ont donné des insomnies, peu de romans ont su en faire autant, peu ont su faire naître chez nous cet émotion primaire de peur irrationnelle. Nous sommes quand même parvenus à vous dénicher quelques 7 récits qui ont su nous mettre mal à l’aise, nous oppresser, nous inquiéter, voire même nous terrifier !

Stephen King : Jessie et Les Langoliers

On va commencer cette sélection avec un incontournable du genre, Stephen King ! Bien que je n’ai pas ouvert un livre de cet auteur depuis des années (décennies… et oui, le temps file !), Stephen King a marqué mon adolescence de ses récits d’épouvante. Alors on aime ou on n’aime pas (plus ?) ce maître de l’horreur, mais, bien que mes lectures aient depuis changé, Stephen King a réellement été un auteur phare dans ma jeunesse et a contribué à faire de moi la lectrice que je suis aujourd’hui. Il reste également pour moi l’un des rares écrivains qui m’a sérieusement terrifiée et m’a, à plusieurs reprises, empêché de trouver le sommeil. Parmi ses récits, deux m’ont vraiment ébranlée. Il ne s’agit pas des romans que j’ai préférés, mais ceux, qui, près de 20 ans plus tard, me titillent encore les soirs d’insomnies…

jessie stephen kingJessie de Stephen King met en scène un personnage qui, par un concours de circonstances, va devenir la quintessence de la vulnérabilité. Alors qu’ils sont dans leur résidence secondaire en rase campagne, Jessie et son mari s’adonnent à quelques jeux sexuels : Gerald aime en effet menotter sa femme pendant l’acte sexuel, mais le jeu tourne mal. Jessie refuse de subir les fantaisies de son mari qui s’en contrefiche et tente de la violer ; elle se défend d’un coup de pied bien placé qui entraîne la mort de son époux, terrassé par une crise cardiaque. La jeune femme se retrouve donc nue, menottée au lit, le cadavre de son mari près d’elle, dans une maison isolée… Autant dire que cette ouverture nous prépare à une lecture plutôt éprouvante ! Le passage qui m’a spécialement terrifiée met en scène Jessie, dans la posture qu’on connaît, découvrant qu’un homme étrange, de mémoire aux bras démesurément longs, se tient dans un coin de la pièce et l’observe sans bouger. Il ne lui parlera jamais, se contentera de lui montrer des os et des bijoux. Flippant, non ?

minuit2 stephen kingLes Langoliers est une novella (court roman ou longue nouvelle) de Stephen King parue dans Minuit II. Ce texte m’a aussi ébranlée durant ma jeunesse, dans la mesure où il met en scène des monstres totalement inattendus. Les langoliers sont en effet des créatures rondes, uniquement pourvues d’une gueule énorme armée de dents aiguisées ; ils dévorent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que du néant, au sens propre du terme. L’histoire se déroule dans un avion où plusieurs personnages se réveillent et découvrent que tous les autres passagers ont disparu. De mémoire, le lecteur assistera au cours de sa lecture à plusieurs rebondissements autour de la question du temps, dans le style de la Quatrième dimension, ce qui en fait un récit prenant. Personnellement, l’angoisse est née des langoliers en eux-mêmes, non que les monstres m’effraient habituellement, mais leur côté « mangeurs de matière » à la manière des trous noirs ont fait renaître en moi cette peur primaire et enfantine de disparaître.

Maurice Dantec : Les Racines du mal

dantec-racines_du_malDans un autre genre, une ambiance peut suffire à faire naître la peur du lecteur. C’est le cas de certains polars qui vont utiliser les ressors cinématographiques du suspens hitchcockien. L’un nous est immédiatement venu à l’esprit quand nous avons commencé l’élaboration de cette sélection : il s’agit des Racines du mal de Maurice G. Dantec. Ce roman nous raconte l’enquête menée par le cogniticien Arthur Darquandier qui poursuit une bande de psycho-killers inconnue des services de police. Pour cela, il sera assisté d’une intelligence artificielle, la neuromatrice. Ce livre est particulièrement saisissant, c’est l’un de ces récits qui vous happent jusqu’à ce que vous ayez lu les derniers mots. L’ambiance y est très noire, mais un passage en particulier nous a clairement fait peur, à la manière d’un Psychose de Hitchcock ! Arthur Darquandier a découvert la maison des serials killers et, avec pour toute aide la neuromatrice, il y tente une excursion nocturne. Évidemment, la scène nous est contée à la première personne, en focalisation interne, ce qui permet au lecteur de ressentir le malaise du personnage ! Plus ce dernier s’enfonce dans la maison, plus nous sommes confrontés au sordide : du débarras remplis d’objets ayant appartenu aux victimes à la pièce secrète, en passant par l’étroit escalier en colimaçon décoré d’inquiétantes photographies et le laboratoire photo, rien ne nous est épargné ! Cette exploration permet de faire monter l’angoisse de l’enquêteur et par là même des lecteurs ! Dans cette scène, Dantec utilise les ressors du suspens hitchcockien en insistant d’une part sur la possibilité pour le personnage de se faire surprendre par des psychopathes notoires, d’autre part sur une course contre la montre accentuant cette impression de tension croissante. Nous vous conseillons vivement ce roman, pour ce passage, certes, mais les quelques 700 pages de plus sont tout aussi délectables !

Bret Easton Ellis : Lunar Park

lunar parkBret Easton Ellis, auteur ô combien sulfureux, est également parvenu à nous donner quelques sueurs froides, notamment avec son roman Lunar Park. La peur y est suscitée par différents moyens. Il y a tout d’abord la peur « pour de rire », puisqu’une grande partie de l’intrigue se déroule pendant les fêtes d’Halloween : des fausses pierres tombales, des déguisements de morts-vivants, etc. Mais, au cours de cette mascarade, une forme errante et menaçante s’insinue dans le jardin du personnage principal, sans qu’on sache vraiment si c’est vraiment une intervention du surnaturel ou un délire causé par le cerveau passablement embrumé du narrateur. Car en effet, et ce qui est le plus effrayant dans ce livre, la description du comportement des membres de cette société banlieusarde est particulièrement glaçante, puisqu’ils sont tous sédatés et shootés aux antidépresseurs, même les enfants. D’ailleurs, à propos des enfants, ceux-ci commencent à disparaître… De quoi mener cette intranquilité à son paroxysme.

Mark Z. Danielewski : La Maison des feuilles

MDF DanielewskiLa Maison des feuilles, roman culte de Mark Z. Danielewski, a pour sujet principal l’expérience de lecture. Dans ce livre labyrinthique, aux récits enchâssés, l’auteur prend un malin plaisir à perdre ses personnages autant que son lecteur dans des dédales particulièrement angoissants. Comment ne citer qu’un seul passage effrayant dans ce roman ? La préface, avertissant le lecteur d’un danger à venir s’il continue sa lecture ? Des premiers signes de surnaturel dans la vie bien rangée du personnage de Will Navidson ? Sa progressive descente aux enfers, lors de son exploration claustrophobique du labyrinthe (que nous vous avons déjà évoquée ici) ? De la névrose grandissante de Johnny Errand, explorant les méandres de son propre labyrinthe intérieur ? Du destin mystérieusement tragique du vieux Zampano ? S’il y a bien eu une lecture qui a submergé d’angoisse et de fascination les lecteurs que nous sommes, c’est bien La Maison des feuilles.

William Burroughs : Le Festin nu

le festin nuLe Festin nu, de William Burroughs, est un roman malsain, une plongée dans le monde délirant et cauchemardesque d’un junkie paranoïaque qui a définitivement perdu toute raison. Héroïnomane notoire, l’auteur a écrit la majeure partie de son livre sous influence, se faisant succéder des intrigues sans queue ni tête avec des descriptions particulièrement angoissantes d’un monde en proie au délire et à la violence généralisés : l’Interzone. William Burroughs est l’initiateur d’une technique narrative reprise par certains écrivains de la Beat Generation : le cut-up, qui consiste à découper des séquences narratives pour les faire se succéder de manière aléatoire, augmentant encore l’impression de chaos qui se dégage de ce livre. Une lecture éprouvante, s’il en est.

Et… Émile Zola : Germinal

germinal zolaOn ne s’attend pas forcément à ressentir des émotions pareilles en lisant du Zola, mais il faut se rendre à l’évidence : la dernière partie de Germinal est particulièrement angoissante. Au début du roman, la description objective des mines laisse place aux impressions d’Étienne Lantier : poussé par son extrême misère, il se voit contraint de travailler dans une mine du Nord de la France, mine qu’il voit comme un monde infernal, dont le caractère fantastique tranche nettement avec les détails  de réalisme documentaire du narrateur. Tout le monde connaît plus ou moins l’histoire principale : indigné par les conditions de travail des mineurs, Lantier pousse ses compagnons à se révolter, et si cette révolte sera matée dans le sang, elle portera en elle la germination d’une révolution à venir. Toutefois, dans la dernière partie du roman, le Voreux, la mine dans laquelle travaillent les personnages principaux, va entraîner les mineurs dans sa chute et en dévorer quelques uns pour de bon. Ses installations ayant été sabotées, ce lieu décrit à de nombreuses reprises comme un monstre fantastique va prendre au piège toute une équipe de mineurs. Beaucoup de mineurs sont descendus, certains parviennent à remonter, d’autres sont tués sur le coup par les chutes des morceaux de la structure de la mine. Le cuvelier, partie de la mine censée contenir une importante poche d’eau, cède, et déverse des torrents d’eau dans les galeries, prenant les survivants au piège. Ils sont dans le noir, sans provisions, sans aucun moyen de communiquer avec l’extérieur, ne serait-ce que pour signaler qu’ils sont encore en vie. Le calvaire, raconté en détail, durera plusieurs jours. Comme si cela ne suffisait pas, un meurtre sera commis, et le cadavre viendra flotter aux pieds du meurtrier…

Et vous, quelles lectures vous-ont donné des sueurs froides ?

Anne et Louis

Jessie, Stephen King, Livre de poche, 2001, 7.10€
Minuit 2, Stephen King, J’ai lui, 1993
Les Racines du mal, Maurice G. Dantec, Folio policier, 1999, 9.50€
Lunar Park, Bret Easton Ellis, 10/18, 2010, 8.10€
La Maison des feuilles, Mark Z. Danielewski, Points, 2015, 12.95€
Le Festin nu, William Burroughs, Gallimard, L’imaginaire, 1984, 9.90€
Germinal, Émile Zola, Livre de poche, 2000, 4€

 

34 commentaires

  1. On pourrait croire que je me répète mais ce n’est qu’un écho écho écho. La Maison des feuilles, je n’en suis jamais ressortie, une partie de moi erre au bas de l’escalier… diablement divin.
    Sinon, je conseillerais Bazaar de Stephen King, qui m’a pas mal marquée aussi.
    Le festin nu, je l’ai da

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    1. On s’y est perdus, nous aussi, dans ce labyrinthe, une partie de nous y est restée ! C’était difficile d’évoquer les livres qui nous ont fait peur sans parler de la Maison des feuilles et de son oppressante ambiance !
      J’ai lu il y a longtemps Bazaar de Stephen King, j’avoue ne plus trop me souvenir du détail de l’histoire, mais je me rappelle effectivement d’une tension croissante tout au long de la lecture.

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      1. Pour La maison des feuilles, j’ai vu qu’il était sorti un format poche, ce que je trouve dommage, j’ai un peu feuilleté, ça me semble totalement inconfortable et risque de rendre bien difficile la lecture de ce livre très spécial (une oeuvre d’art pour moi). Avez-vous vu ? Qu’en pensez-vous ?

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    2. On a jeté un œil sur le format poche, et en effet, il semble assez peu convenir à ce roman, qui est pensé aussi en tant qu’objet-livre (d’un certaine dimension, donc) : les labyrinthes (ou les pages presque vides) n’embrassent plus la totalité du regard et l’effet sur le lecteur doit donc être différent. Mais ce n’est qu’un avis sur un coup d’œil rapide sur cette nouvelle édition…

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      1. On a la même impression. C’est un peu comme regarder un grand tableau sur une carte postale, on ne peut s’imprégner de l’atmosphère. Et puis il y a l’objet, son volume, son poids, sa souplesse. J’aime pourtant lire en format poche mais là… j’en doute fort.

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  2. Mon commentaire est parti tout seul. Je disais que Le festin nu, je l’ai dans ma bibliothèque, il est peut-être temps de le lire.
    Merci pour cet article, j’ai toujours tellement de plaisir à lire quelques mots sur La maison des feuilles.
    Je conseille fort à vos visiteurs de le lire…. à leurs risques et périls, mais c’est tellement bon.

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    1. Le Festin nu, c’est une expérience de lecture TRÈS particulière et très forte. Personnellement, c’est la chose la plus violente qui m’a été donnée de lire. À découvrir, donc ! Merci pour tes commentaires et tes conseils 🙂

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  3. Misery de Stephen King m’a sans doute le plus marqué. Parce qu’il est réaliste et parle d’un écrivain en proie à une fan. King a le génie de l’horreur, dans ses nouvelles également. Votre choix est aussi incontournable si on tient à faire des cauchemars…

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    1. Effectivement, il n’y a pas forcément besoin de surnaturel pour faire peur, la psychopathe de Misery en est la preuve ! La folie des hommes a souvent été exploitée dans les registres de la peur, avec par exemple la tétralogie de Thomas Harris autour du personnage terrifiant de Hannibal Lecter. J’ai lu il y a longtemps Le Silence des Agneaux, mais le film m’a bien plus terrifiée !

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  4. Je dirais Ça de Stephen King. Je me souviens que je lisais sans cesse des romans du Maître de l’horreur… J’ai eu ma dose avec celui-là! Aussi, nous avions chez moi enfant L’exorciste. Juste le titre et l’image me terrifiaient… Je n’ai jamais eu le courage de le lire! 🙂

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    1. Je crois que Stephen King a terrorisé plusieurs génération depuis les années 1980 ! Chacun a le sien, qu’il garde précieusement au fond de ses pires cauchemars. Il me semble qu’à l’époque où je lisais, moi aussi, beaucoup de Stephen King, Ça était déjà considéré comme l’un de ses romans les plus terrifiants ! Mais je crois que tout l’intérêt du livre vient de sa narration hachée, qui passe d’un personnage à l’autre, d’une époque à une autre. Finalement, j’ai peut-être eu tort d’arrêter de lire Stephen King, je me demande si je ne vais pas m’y remettre…

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      1. Je te comprends… Depuis ce livre, je garde une certaine peur des clowns… Bizarre? Il faut lire ce récit qui joue avec les peurs ou les traumatismes reliés à l’enfance. J’ai toujours ce roman dans ma bibliothèque, mais je ne l’ai jamais relu…

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  5. Nous avions nous-même pensé à la nouvelle La Peur de Maupassant qui met en scène des personnages qui ont peur ; les évocations y sont brèves, mais très parlantes. Maupassant savait très bien parler de la peur, merci de nous le rappeler 🙂

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    1. Merci à toi pour ce commentaire. Ravis d’avoir pu étoffer ta wishlist 🙂
      Effectivement, ce passage de Jessie m’a bien terrorisée, il est d’autant plus flippant quand on a lu le livre et qu’on découvre qui est cet inquiétant et silencieux personnage… Je ne t’en dis pas plus 😉

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  6. De Kafka, je pensais a cette nouvelle : « Le terrier »… Y a quelque chose de terrible à rester cloîtré et enterré avec ce personnage. Je pensais aussi à : The road de Cormac McCarthy, qui est sombre et terrifiant en profondeur… sans doute moins à l’échelle individuelle que dans collective…
    Autre découverte assez récente : Le Mur invisible de Marlen Haushofer. Là encore ce n’est pas de l’horreur démonstrative mais plus perfide (et le lecteur n’aura aucune explication, et, en passant, en lisant ce livre j’ai pensé aux langoliers)
    Dans l’horreur pure il y a aussi le Cthulu de Lovecraft !
    Voilà pour mes doses d’horreurs (homéopathiques)!

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    1. Merci pour toutes ces références ! Effectivement, Lovecraft est un classique du genre ; je suis d’accord avec vous concernant The Road de McCarthy et le malaise profond que provoque le désespoir absolu du monde qu’il dépeind. Je n’ai pas lu la nouvelle « Le Terrier » ni « Le Mur invisible », mais vous me donnez bien envie d’y remédier 🙂 Encore merci pour ces conseils de lecture !

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  7. je crois que parmi les livres les plus effrayants le meilleur de Stéphen king c’est simetierre je ne l’ai pas encore lu mais l’histoir elle est vraiment très effrayante, insi que midnigt momies enfante je crois que j’en ai noter pas mal de stephen king et d’autres auteurs eux aussi à succès voilà je crois même que je vais m’en acheter plusieurs.

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